Arkies 02 – Zamal 01 (1)

Ambiance musicale : Craig David, Come Together (live)

Lien vers le texte en pdf ici.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le seigneur Kenyl Arkies exultait littéralement depuis son retour d’Ankwane. Tout le long du voyage retour, on l’avait entendu parler d’une voix forte avec Garon Bazir dans la chambre privée qui était la sienne au sein du majestueux vaisseau seigneurial de la Grande Maison et dont il n’avait même pas pris la peine de fermer la porte. Il n’avait pas quitté depuis les deux jours qui les séparaient de l’annonce d’Entaris Iridian une vitalité qu’on ne lui avait connu que depuis la guerre civile qui avait ravagé l’Empire, une douzaine d’année auparavant. Alors que la presse de toutes les planètes sous contrôle Arkies faisaient leurs choux gras de l’événement, que tous murmuraient dans les couloirs du palais des prophéties de comptoir sur les décisions qu’allait prendre le seigneur et sur les conséquences que ces décisions pourraient avoir sur les relations avec leurs voisins Zamals, la tensions régnait en maître et tous attendaient de savoir ce que le futur leur réservait.
C’est donc avec une impatience à la limite du tolérable que simples citoyens et gens d’influence apprirent avec émerveillement qu’un conseil spécial se tenait à l’état major de la Grande Maison Arkies et que ce qui serait dit et décidé lors de cette réunion exceptionnelle guiderait le destin de la Maison dans une direction aussi décisive que radicale. Il faut dire que le seigneur Arkies savait s’y prendre lorsqu’il s’agissait de monter un événement en épingle : sa science de la sphère publique, son jeu de scène face aux journalistes, son verbe et sa répartie avaient grandement favorisé son ascendance sur les foules. Dans une Grande Maison où la liberté d’expression de tout un chacun était considérée comme un bien inviolable, il était d’ailleurs préférable que cela soit le cas, les journalistes Arkies étant connus pour leur mordant et leur esprit critique. Entre eux et Kenyl, c’était un long roman d’amour et de haine qui s’écrivait chaque jour. Et c’est donc avec une joie non feinte et une gravité dont il tirait un orgueil certain que le seigneur Arkies avait fait une élocution holographique retransmise sur toutes les télévisions de la Grande Maison ainsi que sur les chaînes d’information un peu partout dans l’Empire, promettant que de grandes choses allaient être dîtes à ce fameux conseil.
La réunion se tient au palais Arkies, dans un mélange de luxe opulent, d’énergie sociale et d’excitation à la limite de l’hystérie collective. La horde de journalistes avait pu voir tour à tour arriver les voitures volantes du général Lowis Murpugo, toujours en avance et sentencieux dans ses déclarations lapidaires, Ranel Jun, le chef de la Guilde du Commerce qui ne manqua pas de critiquer ouvertement la conduite du seigneur Arkies face à des caméras avides de tout commentaire acerbe, celle de Joralie Kanem qui à la surprise générale était accompagnée de Dartas Huji, immédiatement suivi de la clinquante automobile de Gerdan Donidas, un intellectuel de renom et ancien ambassadeur de la Grande Maison chez les Zamal. Clou du spectacle, la famille régnante arrive à bord de son véhicule en forme de carrosse pour ouvrir ses portes sur la divine Célia Arkies, suivie de son père et de sa mère. Saluant la foule avec la science qui est la leur, ils passent deux bonnes minutes à s’offrir à l’œil des caméras, affichant des visages radieux et confiants. C’est au moment du bon mot du seigneur à l’adresse des journalistes, celui où il allait avec son air pimpant expliquer une fois de plus que de solides décisions allaient être prises pour l’avenir de la Grande Maison que le trublion de la fête, celui qui n’avait pas démordu de son air renfrogné depuis que Kenyl avait rendu public le duel qui l’oppose aux Arkies, Garon Bazir arrive ; il est à pied comme à son habitude, cigarette aux lèvres et le visage blasé. Garon déteste les journalistes, il déteste être au centre de l’attention comme il déteste le populisme bêta du rapport de Kenyl avec les gens de l’information. Sans desserrer les mâchoires, il fend la haie de caméramans, hoche la tête en direction du seigneur Arkies avec un lourd regard de reproche et rentre dans le palais d’un pas vif.
L’ambiance festive ne prend fin que lorsque les lourdes portes de la salle de réunion du palais se referment sur tout ce petit monde ; la pièce est immense et sombre ; en son centre, une titanesque table de métal permet à plus de vingt personnes de prendre place pour ce genre de rassemblement. La surface de la table est entièrement couverte d’écrans holographiques, tous prêts à retransmettre les informations dont les gens rassemblés ici pourront avoir besoin. Il n’y a rien d’autre, ni belle tapisserie ni statuettes raffinées comme les ancêtres de Kenyl ont eu tant de soin à garnir leur précieux palais. Tous sont assis lorsque la famille seigneuriale fait son entrée, Kenyl visiblement fâché de l’arrivée peu reluisante de Garon qui lui a ravi son moment d’éclat avant de quitter les journalistes.
« Mesdames, mademoiselle, messieurs, je déclare le conseil exceptionnel ouvert. »
Le seigneur parle en marchant jusqu’à sa chaise sur laquelle il s’assied avec gravité, plantant son regard dans chacun de ses vis-à-vis. Dans la grande salle sombre, le silence règne, uniquement perturbé par le jeu des doigts de Kenyl Arkies sur la table de métal noir. Après de longues secondes qui mettent à rude épreuve les nerfs des plus fragiles invités, il reprend :
« Je suppose que vous lisez tous les journaux ; vous savez donc tous ce qu’il en est de la situation actuelle. Vous êtes ici car j’attends de vous de propositions concrètes, des idées, des initiatives. Je vous écoute. »
Immédiatement, le général Murpugo se lève, raide, les yeux dans le lointain.
« Monseigneur. »
« Général. »
« Monseigneur, nos renseignements sur la situation d’Ankwane sont formels : la planète est sans défense. Aucun bastion Zamal n’est encore en place là-bas. Les habitants locaux n’ont ni place-forte ni armée de métier. En un mot, elle est sans défense face à notre force de frappe. J’ajoute que d’après mes estimations personnelles, un seul de nos bataillons peut aisément prendre le contrôle de la planète. Les vaisseaux de combat peuvent y arriver dans les quatorze heures et d’ici une journée avoir imposé notre présence sur place. Les Zamals doivent avoir fait  le même calcul mais leurs vaisseaux de transport de troupes sont bien moins rapides que les nôtres. A l’heure actuelle, aucun détachement n’est encore parti de Gundiria, il est encore temps de les prendre de vitesse. »
« Vous envisagez sérieusement une invasion armée de la planète général ? »
« Oui Monseigneur. A dire vrai je l’ai préparée depuis notre retour et toutes les simulations de l’état major sont formelles : en l’état actuel des choses, nous ne pouvons que gagner militairement. Une fois nos troupes débarquées et nos chasseurs en orbite, les Zamals ne pourront plus descendre au sol sans déclencher une guerre d’envergure qui est pour eux loin d’être gagnée d’avance. Cela nous donnera le temps de construire ce qu’il faut de batteries anti-spatiales pour les tenir à distance. »
D’un geste, le général Murpugo fait s’allumer les écrans holographique qui s’illuminent tous pour faire apparaître données et simulations de déploiement des forces Arkies sur le sol d’Ankawne.
« J’ajoute que plus le conflit durera, plus nous profiterons d’avantages stratégiques majeurs pour contrer les Zamals. Si nous agissons tout de suite, la partie est presque gagnée d’avance. »
« Général ? »
« Oui Monseigneur ? »
« Je n’ai aucunement l’intention de déclencher une rixe armée avec mes voisins. »
« Je sais Monseigneur. »
« Vous le savez, pourtant voilà quarante-huit heures que vous travaillez sur un plan d’invasion », dit Kenyl en se tournant pour la première fois vers les écrans face à lui, « et vu le détail de tout ce qui vous fournissez et la largeur de vos cernes ce soir, vous avez dû y plancher comme un damné. »
De petits rires méprisants glissent des bouches de quelques convives. Sans qu’ils en soient conscients, Kenyl d’Arkies repère en un clin d’œil ceux qui se gaussent du général et surtout ceux qui ne rient pas.
« Taisez-vous ! »
L’ordre claque et résonne dans la grande salle, faisant instantanément mourir le jeu social qui rendait ridicule Lowis Murpugo. Après une brève seconde de silence où il jauge chacun de ses convives, la voix du seigneur Arkies se fait à nouveau entendre.
« Je vous écoute, général. »
« Je sais que mes chances de vous convaincre sont minces, Monseigneur. Pourtant, nous aurions beaucoup à gagner d’une victoire rapide et militaire sur les Zamals dans le duel qui nous oppose à eux. »
« Développez. »
« Le prestige que nous retirerions de cette victoire serait pour nous un atout majeur dans notre diplomatie extérieure. Depuis la fin de la guerre, notre Grande Maison est déconsidérée par ses pairs sur le plan militaire, nous ne sommes plus crédibles en tant que nation guerrière. »
« Le prestige n’amène pas grand chose, général, à part un réconfort pour l’orgueil blessé. »
« Oui Monseigneur, mais il tient nos ennemis à distance et nous donnera la crédibilité nécessaire pour vendre de nombreux vaisseaux de combat. Une victoire rapide et éclatante nous donnera enfin un statu de Grande Maison avec laquelle il faut compter au sein du Sénat Impérial. En outre, nos vaisseaux spatiaux sont les meilleurs de l’Empire. »
« Pas de fanfaronnade chauviniste, je vous en prie général. »
« Si je puis me permettre, on ne triche pas avec les caractéristiques techniques des appareils, Monseigneur. Il ne s’agit pas de fanfaronnade mais d’un constat : nous avons les meilleurs vaisseaux. Mais ces vaisseaux coûtent cher et déjà de nombreux consortiums des guildes marchandes vous demandent des comptes vis-à-vis des budgets colossaux qui ont été investis depuis des années dans la recherche spatiale. Une preuve par l’exemple de notre supériorité dans l’espace permettrait de justifier toutes ces dépenses. »
« Et l’Empereur, qu’en faîtes-vous général ? Vous pensez sincèrement que notre sérénissime empereur Ma’Kin II qui tient tant à la paix impériale va nous laisser faire ? »
« L’Empereur est dépendant de ses vassaux, Monseigneur. Vos appuis à la cour et vos alliances au Sénat Impérial pourraient avoir vite raison d’une éventuelle vindicte populaire contre notre initiative militaire. Les Zamals n’auront jamais gain de cause si jamais ils en réfèrent au Sénat. »
« Et s’ils en référent à la justice de l’Empereur ? »
« Il est vrai que leurs rapports avec l’Empereur Ma’Kin II sont bien meilleurs que les nôtres, Monseigneur, mais je pense qu’il est crédible de penser que nous pourrons régler tout cela par un jeu d’alliances et de jurisprudence très floue en la matière. »
« Joralie ? »
Prise de cours, la Mage Stellaire ne s’attendait pas à être sollicitée. Elle se remet cependant bien vite.
« Techniquement, c’est plaidable. Ankwane n’appartient à personne, ce qui est un cas à part dans l’Empire. Si jamais il devait y avoir une guerre, ça ne sera pas pour autant une agression des territoires Zamals. Quant aux termes de la compétition qui nous oppose à eux, tout est très flou. Jamais le régisseur impérial Iridian ne nous a interdit d’utiliser la force. »
« Vous oubliez tous un détail majeur. »
Tous les yeux se tournent vers Célia qui vient de parler ; nullement décontenancée, elle poursuit de sa voix envoutante et fluide :
« Entaris Iridian a parlé d’une compétition dont il est, lui, l’arbitre. Il ne s’agit probablement pas de conquérir Ankwane, dont il pourrait nous déposséder si notre action lui déplaît, mais d’être déclarés vainqueurs. Il a en outre parlé d’intelligence, d’habileté et de qualités respectives. Je ne vois rien dans une action militaire qui illustre ces choses. »
Cette fois-ci, c’est au tout de Kenyl Arkies de rire, seul.
« Voilà une parole pleine de sagesse. Général, asseyez-vous s’il vous plaît. »
Murpugo se pose lourdement sur sa chaise, dans l’attente d’une décision. Il a joué son va-tout, il espère que cela suffira.
« Avant toute chose », reprend Kenyl, « il est primordial que rien de ce qui se dit ici ne parvienne aux oreilles de qui que ce soit. Nous aurons une version officielle qui sera rédigée dans la nuit mais personne, je dis bien personne ne dois parler ouvertement de ce qui se s’échange dans cette pièce. Je vais être clair : je ne veux pas la guerre, il n’y aura pas la guerre. Nous ne parlons pas ici d’une acquisition commerciale d’envergure ou d’une nouvelle loi. Nous parlons de guerre. Nous parlons de guerre avec Zarakis Zamal, le héros de la bataille de Pak’toris, le chef d’une Grande Maison au pouvoir militaire au moins comparable au nôtre, si ce n’est plus. Nous parlons de guerre, exercice dans lequel l’histoire nous a appris que nous ne brillons guère, face à une nation qui élève ses enfants dans le culte du héros martial. Vous pensez sincèrement que le seigneur d’une Grande Maison va se contenter d’un coup d’esbroufe comme celle du général Murpugo ? Vous pensez que Zarakis Zamal », et là Kenyl appuya chacune des syllabes du nom de son voisin, « Zarakis Zamal donc va se laisser faire sans combattre, qu’il va aller pleurnicher dans les robes de l’Empereur et se contentera d’un vote du Sénat voire pire d’une décision de justice fomenté par des avocats qu’il exècre et rentrera gentiment chez lui ? »
Le silence qui salue la question ouverte plane un moment dans la salle de réunion puis est anéanti par le bruit de la porte qui s’ouvre. Tous se tournent vers l’entrée de la salle sombre dans un même geste, exception faîte de Kenyl qui lui fait face. S’engouffre d’un pas rapide et le visage fermé le favori du seigneur, Joris Leven.
« Alors ? », lui lance le seigneur Arkies.
« Il a refusé, Monseigneur. », lui rétorque Joris qui s’assied à côté de Célia.
Devant les regards interrogatifs de l’assemblée, Kenyl Arkies devance leur question spontanée :
« J’avais invité le Régisseur Impérial à se joindre à nous ce soir. Mais visiblement il a mieux à faire ou ne désire pas nous aiguiller dans nos recherches. »
« Vous pensez à un piège de l’Empereur, seigneur ? », dit de sa voix calme et rocailleuse Dartas Huji.
La question, lourde sous-entendus et de danger vient définitivement briser le bel élan de confiance collectif qui dominait jusqu’ici.
« Je n’en sais rien Dartas. Peut-être mais ce serait absurde, l’Empereur n’a rien à gagner à nous faire tourner en bourrique. »
« Pourtant le message de son émissaire est très cryptique. Son refus de venir ce soir expliquer plus avant les termes de son petit jeu est une preuve de plus que Ma’Kin II cherche à nous voir patauger dans le brouillard. », rétorque Dartas Huji.
« Je ne sais pas. Mais je sais que nos décisions doivent être mûrement réfléchies. L’œil de l’Empereur est sur nous et les Galaxies savent qu’il tient autant à la paix au sein de l’Empire qu’à nous faire payer d’avoir choisi le camp adverse durant la guerre civile. »
Les paroles du seigneur Arkies plongent tout le monde dans des réflexions songeuses. L’enjeu est capital pour chacun d’entre eux, il y a brusquement beaucoup à gagner et encore plus à perdre dans cette compétition.
« Monsieur Jun ? »
« Monseigneur ? »
« Vous êtes bien silencieux et cela ne bous ressemble guère. Pouvez-vous nous faire partager vos pensées ? »
Ranel Jun, l’homme le plus riche de la Grande Maison Arkies après le seigneur, cesse de jouer avec le briquet en argent qu’il fait danser dans sa main depuis de nombreuses minutes.
« Je ne sais pas si je suis habilité à répondre au genre de questions que tout le monde se pose ici, Monseigneur. »
« Expliquez vous. »
« Je suis un homme d’argent, pas un militaire ni un politicien. Je sais flairer une bonne affaire, fédérer des gens autour d’un projet commun, pas prendre des décisions qui mettent en jeu la sécurité de milliards d’individus. »
« C’est précisément pour cela que vous êtes ici ce soir, Jun, pour nous donner votre regard, un regard neuf et différent. Je vous écoute. »
« Et bien pour commencer je dirai que la technologie des autochtones d’Ankwane est très inférieure à la nôtre. Il serait facile de monter une expédition commerciale là-bas sous couvert humanitaire. Nous apporter bonne technologie à vous, vous gentil avec nous, vous voyez l’idée ? »
« Mesurez la façon dont vous vous adressez à moi, Jun. »
« Pardon, Monseigneur. Ankwane n’est sous aucune autorité, donc aucune juridiction commerciale. Rien ne s’oppose à ce que nous offrions des gadgets technologiques aux locaux afin de nous attirer leur sympathie. Y a-t-il une race extra-terrestre qui vive sur cette planète ? »
C’est au tour de Joralie Kamen, la Diplomate, d’activer l’écran holographique de la table et de prendre la parole :
« Il en existe une, très concentrée sur la portion Nord du continent principal d’Ankwane. Je n’ai pas encore le nom exact mais ce sont des genres d’insectes humanoïdes, des créatures très primitives même par rapport aux indigènes de la planète. »
« C’est un bon point. Aller directement chez ces…créatures pour leur faire cadeau de certains instruments de pointe et en faire la publicité nous ferait gagner le soutient du Comité Extra-Terrestre… »
« D’autant que l’Empereur est très attaché à l’insertion des races non humaines au sein de l’Empire. », renchérie Joralie.
« Hum…une entreprise humanitaire, c’est une idée. », murmure dans sa barbe Kenyl Arkies.
« De plus », renchérit Ranel Jun, « qu’à partir du moment où nous posons le pied sur Ankwane pour ce type de mission nous légitimons la présence d’une force armée dont le but officiel est de protéger nos ressortissants. Il ne s’agirait pas d’une opération militaire mais nous permettrait de prendre position sur place. »
« J’ajoute que ce ne serait pas du luxe, les habitants d’Ankwane sont des gens violents et barbares. Lorsque nous avions le contrôle de la planète, de nombreux ressortissants Arkies ont perdu la vie pour avoir enfreint sans le savoir une de leurs lois bizarres. », dit Joralie Kanem.
« Dîtes plutôt que ces pauvres bougres ont cru bon de se défendre lorsqu’on s’est mis en tête de piller leur planète et de violer leurs femmes. »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Protected by WP Anti Spam